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Pour les trentenaires et les autres ptit vieux !!
tikopipo$2005056
Tikopipo

21/01 :: 19:58 Envoyer un SFM à Tikopipo Citer

Arrivante (6)



Je sais qu'il y a un vieux topic à ce sujet, mais j'ai pas osé posté après Kina....

Je crée donc un nouveau topic pour partager, si vous le voulez bien, des textes (livres, poèmes, etc etc) que vous aimez, qui vous touchent (parce qu'ils sont beaux, drôles, etc.. c'est égal).

Chais pas ce qu'il m'a pris hier soir, mais après avoir répondu à "qui suis-je?" avec mes foutus tests, j'ai eu envie de lire des poèmes (à 3h du mat' quand même hein.. ) et donc j'ai dégaîné mon "Les plus beaux poèmes romantiques" de Philippe Héraclès et chuis tombée sur ça :

Penser à toi
reste mon silence le plus précieux
le plus long le plus orageux silence.
Tu es en moi toujours
comme mon coeur inaperçu
mais comme un coeur qui ferait mal
blessure qui ferait vivre.
Alain Borne


Je le trouve beau, parce que... voilà quoi.

Pouarf, j'me sens cruche et ultra pouf du coup...
Pour ma "défense", je vais mettre un bout de la préface de l'auteur, ça m'aidera à assumer :

"(...). Et parce qu'il est le seul animal à savoir qu'il doit mourir, l'homme porte en lui cette irréductible nostalgie qui peut être le souvenir émouvant d'un paradis à jamais perdu. De cette nostalgie le poète a fait son pain quotidien. (...).
Si le romantisme et la nostalgie sont d'abord des phénomènes de jeunesse, ils n'en représentent pas moins ce désir de rêve et d'idéal que chaque être humain sent vivre en lui du jour de sa naissance à l'heure de sa fin. Le plus blasé, le plus cuirassé n'y échappe guère. Peut-être même est-ce la meilleure part de l'homme. (...)." (Héraclès, 1981)
"Y a-t-il une vie avant la mort ?" Woody Allen
laurianne$2004021
Laurianne

21/01 :: 20:32 Envoyer un SFM à Laurianne Citer

Power-Membre (193)



c'est tres joli Tiko t'as pas a te sentir cruche

gros bisous
Ikioub$2005003
Ikioub

21/01 :: 20:34 Envoyer un SFM à Ikioub Citer

Newbie (25)



jdoi être cruche moi aussi =)
tikopipo$2005056
Tikopipo

21/01 :: 21:50 Envoyer un SFM à Tikopipo Citer

Arrivante (6)



@Laurianne : mici, b'zous à toi aussi

@Ik': bah évidemment que tu l'es! T'as vu la tronche de ton avatar!?? le mien est nettement plus viril!
"Y a-t-il une vie avant la mort ?" Woody Allen
Kapy$2005151
Kapy

22/01 :: 02:15 Envoyer un SFM à Kapy Citer

Narcissique qui s'autocite
Arrivant (5)



Alors moi je vais mettre un passage que j'aime beaucoup du "Petit Prince" par Antoine de Saint-Exupéry.



- Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ? dit le petit prince
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "créer des liens..."
- Créer des liens ?
- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
- Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
- C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses...
- Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince.
[…]
- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince:
- S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
[…]
- Que faut-il faire? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
- Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur... Il faut des rites.
- Qu'est-ce qu'un rite ? dit le petit prince.
- C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche:
- Ah! dit le renard... Je pleurerai.
- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors tu n'y gagnes rien !
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta:
- Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses:
- Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient bien gênées.
- Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Et il revint vers le renard:
- Adieu, dit-il...
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
- L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
- C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
- C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
- Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.
«L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son bonheur.» Kapy
InesNess$
InesNess

22/01 » 02:35

Invité



de Khalil Gibran, Prophète :
" Tous peuvent entendre mais seuls les Etres sensibles comprennen"
j'ai oublié le T , rhoooo
Waha$2005036
Waha

22/01 :: 04:46 Envoyer un SFM à Waha Citer

*sifflote*
Arrivante (12)



je sens que je vais aimer alimenter ce topic : je commence avec un long texte, mais je l'aime tant

Si de Rudyard Kipling



Version anglaise :
If

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you;
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream -- and not make dreams your master;
If you can think -- and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two imposters just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build 'em up with worn-out tools;

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: "Hold on!"

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with kings -- nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds' worth of distance run --
Yours is the Earth and everything that's in it,
And -- which is more -- you'll be a Man, my son!




Version française :
Si...

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
«L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur.» P. Desproges
catamiaou$2004268
Catamiaou

22/01 » 09:55 Envoyer un SFM à Catamiaou Citer

Inukshuk isn't it?
Maître du flood (1338)



Voici un texte que j'adore: entre le roman érotique, le roman noir , court comme un vidéo-clip. Je crois que je l'avais déjà posté mais si c'est le cas, y'a longtemps. Alors je le remets. C'est de Leslie Kaplan.



Désolé pour la différence de taille des textes....j'ai bien essayé de redimensionner mais je crois que je suis définitivement perdu pour la cause !
Au Zenith Du Zen A...Omh !
Waha$2005036
Waha

22/01 :: 16:47 Envoyer un SFM à Waha Citer

*sifflote*
Arrivante (12)



recueil de tites citations d'amUUUUUr :]

"Vivre est une prière que seul l'amour peut exaucer"
Romain Gary

"L'absence ni le temps ne sont rien
quand on aime.
tant que mon coeur battra,
toujours il te dira :
Rappelle-toi."
A. de Musset

"Je n'ai tant de chance que parce que tu m'aimes."
Goethe

"Je m'aperçus bientôt que l'amour ressemble à la soif: une goutte d'eau l'augmente."
Nicolas Restif de la Bretonne

et je pourrais en citer encore des tas comme ça :] mais j'en garde pour plus tard
«L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur.» P. Desproges
tikopipo$2005056
Tikopipo

22/01 :: 16:56 Envoyer un SFM à Tikopipo Citer

Arrivante (6)



@Ines : j'aime bien cette citation!

@Kapi : j'adore...

@Waha : toi aussi tu notes dans un cahier toutes les citations que tu trouvent belles?
Et If de Kipling, c'est la base, chuis fan

@les miaou : tu l'avais d'jà mis ce texte, mais j'adore toujours autant! merci!
"Y a-t-il une vie avant la mort ?" Woody Allen
InesNess$
InesNess

22/01 :: 17:50

Invité



je te mettrais d'autres citations, entre deux textes c'est moins long à lire, mais ce n'est pas pour autant qu'elles donnent moins à réfléchir. Bises Tiko
Waha$2005036
Waha

22/01 :: 18:08 Envoyer un SFM à Waha Citer

*sifflote*
Arrivante (12)



Provient du message de tiko coupine de moi

toi aussi tu notes dans un cahier toutes les citations que tu trouvent belles?

en fait j'en note un peu partout dès qu'elles me plaisent, je raffole de ce genre de chose
«L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur.» P. Desproges
catamiaou$2004268
Catamiaou

22/01 :: 18:50 Envoyer un SFM à Catamiaou Citer

Inukshuk isn't it?
Maître du flood (1338)



Oui, dans le jardin du pauvre homme croissent bien plus que des herbes ou des fleurs : on y trouve des pensées aimables, la satisfaction, la paix de l'esprit.
Et la joie pour les heures pénibles.

(Mary Howitt "le jardin du pauvre homme")

........................................................................................
Nombreux sont ceux qui courent après le bonheur comme un homme distrait qui recherche son chapeau alors qu'il est dans sa main ou sur sa tête.

(james Sharp)
....................................................................................
Je ne ferme jamais ma porte derrière moi sans être conscient que je me fais un petit bonheur.

(Peter Horec)
Au Zenith Du Zen A...Omh !
Samael$2004014
Samael

22/01 » 20:08 Envoyer un SFM à Samael Citer

Qui pisse à contrevent se rince les dents.
Arrivant (7)



" Lorsqu'ils sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas communiste.

Lorsqu'ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas social-démocrate.

Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas syndicaliste.

Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas juif.

Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester. "

Pasteur Martin Niemöller

Plus gai:

" Par malheur elle avait le Goncourt sa Motte-Piquet
Avouez qu'Saint-Cloud à s'Dugommier le Jules-Joffrin
Son p'tit Chaligny-Faidherbe était bien trop Billancourt
Elle demeurait une vrai Glacière
Elle Opéra un vrai changement la Réaumur
L'en Brochant en Chevaleret entre La Fourche
Et la Muette à l'Anvers aussitôt je lui Bourg-La-Reine
Jusqu'à temps qu'elle en Picpus "

extrait de Bercy Madeleine de Pierre Perret (source http://www.paroles.net/chansons/11521.htm )
myPost++;
isis1$2004095
Isis1

23/01 :: 10:42 Envoyer un SFM à Isis1 Citer

Newbie (33)



Un texte un peu long peut-être dans la même ligne que le tien Sam...


Matin brun


Les jambes allongées au soleil, on ne parlait pas vraiment avec Charlie, on échangeait des pensées qui nous couraient dans la tête, sans bien faire attention à ce que l'autre racontait de son côté. Des moments agréables, où on laissait filer le temps en sirotant un café. Lorsqu'il m'a dit qu'il avait dû faire piquer son chien, ça m'a surpris, mais sans plus. C'est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l'idée qu'un jour ou l'autre il va mourir.

- Tu comprends, je pouvais pas le faire passer pour un brun.

- Ben, un labrador, c'est pas trop sa couleur, mais il avait quoi comme maladie?

- C'est pas la question, c'était pas un chien brun, c'est tout.

- Mince alors, comme pour les chats, maintenant?

- Oui, pareil.

Pour les chats, j'étais au courant. Le mois dernier, j'avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir.

C'est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d'après ce que les scientifiques de l'État national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu'ils s'adaptaient mieux à notre vie citadine, qu'ils avaient des portées peu nombreuses et qu'ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat c'est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d'une façon ou d'une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n'étaient pas bruns.

Les milices de la ville distribuaient gratuitement des boulettes d'arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédiaient les matous en moins de deux. Mon coeur s'était serré, puis on oublie vite.



Les chiens, ça m'avait surpris un peu plus, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que c'est plus gros, ou que c'est le compagnon de l'homme, comme on dit. En tout cas, Charlie venait d'en parler aussi naturellement que je l'avais fait pour mon chat, et il avait sans doute raison. Trop de sensiblerie ne mène pas à grand-chose, et pour les chiens, c'est sans doute vrai que les bruns sont plus résistants.

On n'avait plus grand-chose à se dire, on s'était quittés, mais avec une drôle d'impression. Comme si on ne s'était pas tout dit. Pas trop à l'aise.

Quelque temps après, c'est moi qui avais appris à Charlie que le Quotidien de la ville ne paraîtrait plus. Il en était resté sur le cul: le journal qu'il ouvrait tous les matins en prenant son café crème!

- Ils ont coulé? Des grèves, une faillite?

- Non, non, c'est à la suite de l'affaire des chiens.

- Des bruns?

- Oui, toujours. Pas un jour sans s'attaquer à cette mesure nationale. Ils allaient jusqu'à remettre en cause les résultats des scientifiques. Les lecteurs ne savaient plus ce qu'il fallait penser, certains même commençaient à cacher leur clébard!

- À trop jouer avec le feu...

- Comme tu dis, le journal a fini par se faire interdire.

- Mince alors, et pour le tiercé?

- Ben mon vieux, faudra chercher tes tuyaux dans les Nouvelles brunes, il n'y a plus que celui-là. Il paraît que côté courses et sports, il tient la route. Puisque les autres avaient passé les bornes, il fallait bien qu'il reste un canard dans la ville, on ne pouvait pas se passer d'informations tout de même. J'avais repris ce jour-là un café avec Charlie, mais ça me tracassait de devenir un lecteur des Nouvelles brunes. Pourtant, autour de moi les clients du bistrot continuaient leur vie comme avant: j'avais sûrement tort de m'inquiéter.



Après, ça avait été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas très claire, encore.

Les maisons d'édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville étaient poursuivies en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques. Il est vrai que si on lisait bien ce que ces maisons d'édition continuaient de publier, on relevait le mot chien ou chat au moins une fois par volume, et sûrement pas toujours assorti du mot brun. Elles devaient bien le savoir tout de même.

- Faut pas pousser, disait Charlie, tu comprends, la nation n'a rien à y gagner à accepter qu'on détourne la loi, et à jouer au chat et à la souris. Brune, il avait rajouté en regardant autour de lui, souris brune, au cas où on aurait surpris notre conversation.

Par mesure de précaution, on avait pris l'habitude de rajouter brun ou brune à la fin des phrases ou après les mots. Au début, demander un pastis brun, ça nous avait fait drôle, puis après tout, le langage c'est fait pour évoluer et ce n'était pas plus étrange de donner dans le brun, que de rajouter putain con, à tout bout de champ, comme on le fait par chez nous. Au moins, on était bien vus et on était tranquilles.

On avait même fini par toucher le tiercé. Oh, pas un gros, mais tout de même, notre premier tiercé brun. Ca nous avait aidés à accepter les tracas des nouvelles réglementations.



Un jour, avec Charlie, je m'en souviens bien, je lui avais dit de passer à la maison pour regarder la finale de la Coupe des coupes, on a attrapé un sacré fou rire. Voilà pas qu'il débarque avec un nouveau chien!

Magnifique, brun de la queue au museau, avec des yeux marrons.

- Tu vois, finalement il est plus affectueux que l'autre, et il m'obéit au doigt et à l'oeil. Fallait pas que j'en fasse un drame du labrador noir.

À peine il avait dit cette phrase que son chien s'était précipité sous le canapé en jappant comme un dingue. Et gueule que je te gueule, et que même brun, je n'obéis ni à mon maître ni à personne! Et Charlie avait soudain compris.

- Non, toi aussi?

- Ben oui, tu vas voir.

Et là, mon nouveau chat avait jailli comme une flèche pour grimper aux rideaux et se réfugier sur l'armoire. Un matou au regard et aux poils bruns. Qu'est-ce qu'on avait ri. Tu parles d'une coïncidence!

-Tu comprends, je lui avais dit, j'ai toujours eu des chats, alors... Il est pas beau, celui-ci?

- Magnifique, il m'avait répondu.

Puis on avait allumé la télé, pendant que nos animaux bruns se guettaient du coin de l'oeil.

Je ne sais plus qui avait gagné, mais je sais qu'on avait passé un sacré bon moment, et qu'on se sentait en sécurité. Comme si de faire tout simplement ce qui allait dans le bon sens dans la cité nous rassurait et nous simplifiait la vie. La sécurité brune, ça pouvait avoir du bon. Bien sûr, je pensais au petit garçon que j'avais croisé sur le trottoir d'en face, et qui pleurait son caniche blanc, mort à ses pieds. Mais après tout, s'il écoutait bien ce qu'on lui disait, les chiens n'étaient pas interdits, il n'avait qu'à en chercher un brun. Même des petits, on en trouvait. Et comme nous, il se sentirait en règle et oublierait vite l'ancien.



Et puis hier, incroyable, moi qui me croyais en paix, j'ai failli me faire piéger par les miliciens de la ville, ceux habillés de brun, qui ne font pas de cadeau. Ils ne m'ont pas reconnu, parce qu'ils sont nouveaux dans le quartier et qu'ils ne connaissent pas encore tout le monde. J'allais chez Charlie. Le dimanche, c'est chez Charlie qu'on joue à la belote. J'avais un pack de bières à la main, c'était tout. On devait taper le carton deux, trois heures, tout en grignotant. Et là, surprise totale: la porte de son appart avait volé en éclats, et deux miliciens plantés sur le palier faisaient circuler les curieux. J'ai fait semblant d'aller dans les étages du dessus et je suis redescendu par l'ascenseur. En bas, les gens parlaient à mi-voix.

- Pourtant son chien était un vrai brun, on l'a bien vu, nous!

- Ouais, mais à ce qu'ils disent, c'est que, avant, il en avait un noir, pas un brun. Un noir.

- Avant?

- Oui, avant. Le délit maintenant, c'est aussi d'en avoir eu un qui n'aurait pas été brun. Et ça, c'est pas difficile à savoir, il suffit de demander au voisin.

J'ai pressé le pas. Une coulée de sueur trempait ma chemise. Si en avoir eu un avant était un délit, j'étais bon pour la milice. Tout le monde dans mon immeuble savait qu'avant j'avais eu un chat noir et blanc. Avant! Ca alors, je n'y aurais jamais pensé!



Ce matin, Radio brune a confirmé la nouvelle. Charlie fait sûrement partie des cinq cents personnes qui ont été arrêtées. Ce n'est pas parce qu'on aurait acheté récemment un animal brun qu'on aurait changé de mentalité, ils ont dit. «Avoir eu un chien ou un chat non conforme, à quelque époque que ce soit, est un délit.» Le speaker a même ajouté «Injure à l'État national.» Et j'ai bien noté la suite. Même si on n'a pas eu personnellement un chien ou un chat non conforme, mais que quelqu'un de sa famille, un père, un frère, une cousine par exemple, en a possédé un, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, on risque soi-même de graves ennuis.

Je ne sais pas où ils ont amené Charlie.

Là, ils exagèrent. C'est de la folie. Et moi qui me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun. Bien sûr, s'ils cherchent avant, ils n'ont pas fini d'en arrêter, des proprios de chats et de chiens.



Je n'ai pas dormi de la nuit. J'aurais dû me méfier des Bruns dès qu'ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux. Après tout, il était à moi mon chat, comme son chien pour Charlie, on aurait du dire non. Résister davantage, mais comment? Ca va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non?

On frappe à la porte. Si tôt le matin, ça n'arrive jamais. J'ai peur. Le jour n'est pas levé, il fait encore brun dehors. Mais arrêtez de taper si fort, j'arrive.


Matin brun
Franck Pavloff

ISBN: 2-84116-029-7
Dépôt légal 3e trimestre 2002
catamiaou$2004268
Catamiaou

24/01 :: 10:31 Envoyer un SFM à Catamiaou Citer

Inukshuk isn't it?
Maître du flood (1338)



Un jour ils arrivent et déclarent que la retraite promise c'est plus possible, que le contrat de travail que vous avez signé, c'est plus possible.....Mais......"Ca va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non?"
"
Au Zenith Du Zen A...Omh !
le_popotam$2005042
Le_popotam

24/01 :: 10:41 Envoyer un SFM à Le_popotam Citer

gros truc fromagivore qui vit dans l'eau
Arrivant (0)



tu dis que tu aimes les oiseaux...et tu les mets en cage
tu dis que tu aimes les poissons... et tu les mets dans un bocal
tu dis que tu aimes les fleurs...et tu leur coupes la queue
alors quand tu dis que tu m'aimes... j'ai peur

jesaispluki
glop glop
isis$
isis

24/01 :: 11:39

Invité



C'est aussi à ça que je pensais docteur Cata et mister Miaou on nous fait faire une sacrée marche en arrière et tout le monde l'accepte... à quand le retour à Germinal

bISES
Delavega$2003341
Delavega

24/01 :: 15:42 Envoyer un SFM à Delavega Citer

#%$*£!!*•
Habitué (366)



Super connu mais j'aime bien

Muere lentamente quien no viaja,
quien no lee,
quien no oye música,
quien no encuentra gracia en sí mismo.

Muere lentamente
quien destruye su amor própio,
quien no se deja ayudar.

Muere lentamente
quien se transforma en esclavo del hábito
repitiendo todos los días los mismos trayectos,
quien no cambia de marca,
no se atreve a cambiar el color de su vestimenta
o bien no conversa con quien no conoce.

Muere lentamente
quien evita una pasión y su remolino de emociones,
justamente éstas que regresan el brillo a los ojos
y restauran los corazones destrozados.

Muere lentamente
quien no gira el volante cuando está infeliz con
su trabajo, o su amor,
quien no arriesga lo cierto ni lo incierto para ir
atrás de un sueño
quien no se permite, ni siquiera una vez en su vida,
huir de los consejos sensatos...

¡ Vive hoy !
¡ Arriesga hoy !
¡ Hazlo hoy !
¡ No te dejes morir lentamente !

¡ NO TE IMPIDAS SER FELIZ !


Pablo Neruda Prix Nobel de Littérature 1971



Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés

Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.

Vis maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!

Ne te prive pas d'être heureux!
Mort aux cons! :p
tikopipo$2005056
Tikopipo

24/01 :: 16:39 Envoyer un SFM à Tikopipo Citer

Arrivante (6)



Provient du message de el popo

tu dis que tu aimes les fleurs...et tu leur coupes la queue
alors quand tu dis que tu m'aimes... j'ai peur


Tu m'étonnes!

@DLV : j'adore! merci!
ça me fait penser à une création de qqn que j'aime bcp : "je ne veux pas mourir de mon vivant." ça résume pas mal ton texte je crois
(au fait, t'as vu le film "il postino"? c'est au sujet de Neruda... j'ai bcp aimé ce film en tout cas)
"Y a-t-il une vie avant la mort ?" Woody Allen
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